Manifester les trois sexes et les genres à Byzance
Georges Sidéris  1  
1 : Histoire
Sorbonne Université

Byzance est non seulement l'empire médiéval des Romains chrétiens d'Orient, mais aussi sur le plan de la manifestation des genres, un empire fondamentalement « Autre » de l'Occident où l'ordre social, politique et culturel s'agence autour de trois sexes : les hommes, les femmes et les eunuques. Cet ordre s'incarne au plus haut de l'État byzantin par trois figures d'autorité : l'empereur ou Basileus, l'impératrice, le Grand Chambellan eunuque. Il s'exprime visuellement par des traits physiques spécifiques, des voix, des vêtements et ornements qui se donnent à voir dans les représentations artistiques : mosaïques (de Théodora et de Justinien à Saint-Vital de Ravenne, de Zoé et Constantin IX à Sainte-Sophie, miniatures (de la Bible du sacellaire Léon), sculptures et autres (les chants et voix des eunuques sont connus par des textes), les grandes cérémonies impériales dans les rues de Constantinople la capitale ou au Palais impérial, dans les églises, les couvents et monastères, les armées.

Cet ordre sexopolitique génère aussi des transgressions et manifestations de genre diverses, comme les moniales qui passent pour des eunuques et vivent avec des vêtements non féminins. Mais il organise aussi l'au-delà. La Cour céleste est structurée autour du Christ, de la Vierge Marie et des Anges dont la Cour terrestre est le miroir. Le Basileus est le correspondant direct du Christ sur la terre, l'impératrice « la seule libre entre toutes les femmes » selon Psellos a pour modèle la Vierge et les Anges se manifestent sur terre sous l'apparence physique des eunuques impériaux (Mosaïque de l'archange Gabriel à Sainte-Sophie).

Notre communication propose de décrire des manifestations de ce monde spécifique en se fondant sur des sources textuelles et iconographiques.



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