Depuis une dizaine d'années, on assiste à un renouveau des études sociologiques sur les couples transnationaux ou les migrations en vue de mariage.

Ces couples manifestent de manière plus visible que les couples non-mixtes, l'imbrication des rapports de genre, de la classe et de la « race », qui varie selon les configurations conjugales en question. Notamment dans les couples hétérosexuels, les appréhensions et stéréotypes ne sont pas les mêmes selon l'origine nationale des conjoints, mais surtout selon la position genrée du conjoint minorisé. Alors que l'asymétrie sexuée entre conjoints et les stratégies de mobilité sociale font historiquement partie des projets conjugaux, elles sont reconfigurées de nos jours par les couples mixtes transnationaux.

Les rapports de force auxquels sont exposés ces couples se manifestent par les jugements de valeurs auxquels ils sont confrontés. Leur choix conjugal reste perçu comme non-conforme aux normes matrimoniales, malgré une forte internationalisation du marché matrimonial constatée ces dernières années. Comment ces couples œuvrent-ils au quotidien pour trouver un équilibre et pour s'ajuster l'un à l'autre dans leur relation conjugale ?

La communication s'appuiera sur deux cas empiriques de la mixité conjugale : les couples entre hommes occidentaux et femmes russophones ou asiatiques, d'une part, et les couples entre femmes occidentales et hommes originaires de pays du Sud, d'autre part. Ces configurations conjugales typiques combinent différemment les positions sociales et minorisées et ne parviennent pas de la même manière à dépasser les assignations genrées.

Beate COLLET est maîtresse de conférences en sociologie à Sorbonne Université et membre de l'UMR « Groupe d'études des méthodes d'analyse sociologique de la Sorbonne » (GEMASS). Elle fait partie de deux comités de rédaction de revue scientifiques « Recherches familiales » et « Temporalités ». Ses recherches croisent les questions des migrations, de la famille et du genre. En décembre 2018, elle a présenté une habilitation à diriger les recherches (HdR) sur la mixité conjugale. En 2012, elle a publié, avec Emmanuelle Santelli, Couples d'ici, parents d'ailleurs. Parcours de descendants d'immigrés, Paris : PUF.