‘O Shame, where is thy blush!' – L'indécence manifeste de Speke et les relations sexuelles interraciales dans le pamphlet de James MacQueen, The Nile Basin
Guillaume Didier  1  
1 : Philomel, Études anglophones
Sorbonne Université

‘O Shame, where is thy blush!' – L'indécence manifeste de Speke et les relations sexuelles interraciales dans le pamphlet de James MacQueen, The Nile Basin 

Lors de sa recherche des sources du Nil Blanc, l'explorateur John Hanning Speke est le premier Européen à entrer, en 1862, dans le puissant royaume du Buganda, au cœur de la région des Grands Lacs. En attendant que son second se rétablisse et le rejoigne, Speke réside quatre mois et demi à la cour du kabaka Mutesa Ier dont il est l'invité. Par hospitalité, la reine mère du Buganda lui envoie deux filles afin de tromper la solitude. Speke tombe amoureux de la plus âgée des deux, Meri, mais doit la quitter lorsque Grant arrive finalement, et les deux hommes poursuivent leur chemin.

Publié à son retour, le récit de Speke offre une version très épurée et romantique de ces relations sexuelles (un manuscrit non-censuré se trouve à la Bibliothèque Nationale d'Ecosse) ; mais un vétéran de l'exploration africaine, James MacQueen, lit entre les lignes et entreprend de détruire sa réputation dans un pamphlet raciste. Il l'accuse d'avoir couché avec des femmes noires et de n'avoir ainsi point exhibé les qualités attendues d'un vrai gentleman. Ce pamphlet, republié en 1864 à l'initiative du rival de Speke, Richard Francis Burton, sous le nom de The Nile Basin, a donc pour objet principal les comportements masculins en contexte pré-colonial et le tabou des relations sexuelles interraciales.

La communication analysera le lien entre ce tabou et le paratexte de l'exploration (Watson) : le pamphlet et la censure existent dans un rapport dialogique qui construit ou anticipe le même horizon du dicible à l'ère victorienne, en deçà et au-delà du récit publié, le plus célèbre. C'est ce paradoxe entre effets de monstration et de dénonciation de la forme pamphlétaire (Passard), et le sexe comme une activité subordonnée ou « parergale » (Hyam) à la quête principale de l'explorateur, qu'il conviendra d'interroger en le liant à l'analyse des représentations et pratiques des masculinités victoriennes.

L'Auteur

Guillaume DIDIER est doctorant en littérature britannique à Sorbonne Université sous la direction du Professeur Frédéric Regard. Sa thèse porte sur l'étude des masculinités dans la littérature d'exploration victorienne en lien avec la quête des sources du Nil Blanc. Il communiquera prochainement sur des sujets connexes : le corps mourant de David Livingstone ; les descriptions d'infibulation chez Samuel Baker ; et le rapport entre les figures exceptionnelles d'explorateurs, l'homosocialité et l'hégémonie masculine dans la production de la littérature d'exploration. Guillaume s'intéresse également aux animal studies et a récemment participé au colloque sur l' « Amour des Animaux » organisé par Françoise Besson à Toulouse, où il a pu communiquer sur les récits de voyage de Peter Matthiessen en Afrique sub-saharienne.



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